Fondement de la base de la start-up nation, le networking permet une disruption totale du système deep-tech du thesing moderne. Autrement dit (même si je suis sûre que tu as tout compris), avoir des contacts et pouvoir mobiliser son réseau est important – voire essentiel, durant l’ensemble du parcours doctoral et même (surtout) après. Souvent confondu avec le copinage, le réseautage est un moyen efficace d’agrémenter sa liste de contacts et demande la mobilisation d’un certain nombre de compétences : gestion du stress (ça peut foutre les chocottes d’aller causer avec un·e ponte de sa discipline par exemple), bonne communication (il faut soigner la prise de contact) (ce qui passe, par exemple, par éviter d’utiliser l’expression « foutre les chocottes ») ou encore gestion du temps (savoir quand contacter quelqu’un est tout un art). Retour dans cet article sur un atelier que j’ai animé en février 2020 à l’École doctorale Histar, et qui était consacré à la création et la mobilisation du réseau durant la thèse.

Disclaimer : Comme tu l’auras constaté (si, comme moi, tu es une flèche en calcul mental) quelques mois se sont écoulés entre l’atelier et ce compte-rendu. Je sais pas si tu as remarqué mais entretemps y a eu comme un truc dans l’actualité qui m’a détourné de tous mes objectifs premiers dans la vie, dont le sport de haut niveau et la publication de cet article. À la place, souviens-toi, j’avais préféré pondre un article chelou sur le confinement. Bref, l’atelier sur le réseau : voici son histoire sur base de mes souvenirs flous mais fous.

 

Vous commencez à le savoir maintenant mais j’adore raconter ma vie par ici. Surtout quand il y a un lien avec le doctorat. Et là, vu que j’ai animé il y a quelques semaines mois un atelier pour doctorant·es, hé bien je vais raconter tout ça. J’ai en effet été invitée à animer un atelier pour une soixantaine de doctorant·es de l’École doctorale (ED) Histoire, Histoire de l’Art et Archéologie. C’était un samedi, mais il faisait gris, pluvieux et venteux dehors donc très franchement personne n’avait rien de mieux à faire. Et c’est tant mieux parce que j’ai trouvé ça plutôt cool (mais je suis probablement juge et partie dans l’histoire) (ce qui est le comble pour une historienne du droit haha) (grands dieux il est temps que ce confinement cesse). J’ai trouvé ça d’autant plus cool qu’il s’agit en réalité de mon école doctorale donc c’était sympa de se retrouver de l’autre côté du miroir. Enfin je dis ça mais « de mon temps », l’ED ne proposait guère de formations de ce type-là. De mon temps, les journées doctorales se résumaient à présenter ses recherches face à un public qui profitait de ce moment pour mettre en page sa bibliographie, et puis à faire signer le papier qui valide les crédits. Bon la dernière partie existe toujours, mais il y a une volonté grandissante d’intégrer un volet davantage lié aux compétences transversales dans les différents programmes de formation doctorale. Et ça, c’est plutôt chouette.

De plus en plus d’ED proposent en effet des ateliers visant à renforcer les compétences transversales. Il y a une véritable volonté de sensibiliser à l’importance d’intégrer des formations moins spécifiques et plus transversales et transférables au cursus doctoral. L’intérêt de ce genre de formations ou d’ateliers est multiple : (évidemment) acquérir ou renforcer des compétences mobilisables au quotidien et dans tout environnement professionnel, mais aussi renforcer la confiance en soi. En effet, pouvoir quantifier et lister les formations suivies et les compétences acquises permet de mieux réaliser que, en gros, on est plutôt badass et qu’on envoie quand même du pâté. Les formations permettent aussi de rencontrer d’autres personnes, de dépasser sa propre discipline, de sortir le nez du guidon et de réaliser qu’on appartient à une communauté plus large, traversée par, mutatis mutandis, les mêmes problèmes et écueils.

Et, durant l’atelier, comme je suis du genre corporate, j’ai profité de l’occasion d’avoir un parterre de doctorant·es en délire devant moi pour faire une bonne grosse pub pour l’outil d’auto-évaluation des compétences qui a été développé dans le cadre du projet PhDs@Work : 1 brochure, 6 outils (en français et en anglais) permettant de réaliser son bilan de compétences en toute autonomie. C’est-ti-pas-bioutifoule ?

Boîte à out’ du réseautage

L’objectif de cet atelier était de permettre aux doctorant·es de repartir avec quelques trucs et astuces, quelques bonnes pratiques et quelques contacts. L’idée était aussi de dépasser les idées reçues à propos du réseautage : c’est vrai qu’on imagine souvent des grands events où tout le monde est sapé comme jaja et où il faut flotter d’un groupe à l’autre à coup de grands rires en mode tête-en-arrière pour s’incruster dans des conversations super intello. En réalité, réseauter est souvent moins contraignant et compliqué que ça, et est surtout utile à tous les stades du doctorat et de la carrière. 

Avant tout, il est toujours utile de faire un petit état de l’art qui peut prendre la forme d’un mindmapping ou d’une série de listes, selon votre sensibilité. Perso je suis incapable de tracer des lignes et de faire des trucs un tantinet graphiques, donc le mindmap on oublie. L’idée est juste de lister vos contacts, par catégorie (famille, amis, ancien·es collègues, collègues, etc.), cela vous permettra d’identifier là où il est nécessaire de développer des contacts, en fonction des besoins et de leur profil. Vous pouvez également en profiter pour d’ores et déjà vous questionner sur la façon dont vous pourriez contacter ces personnes : aurez-vous l’occasion de les croiser dans les couloirs de votre université ? à un colloque ? à votre salle de sport ? Est-ce cette personne répond aux mails ? Est-ce préférable de l’appeler dans un premier temps ? De lui envoyer Hedwige? Etcétérietcétéra.

Réaliser un tel exercice permet en réalité de déterminer assez rapidement comment se présente votre réseau, quelles sont ses forces et ses faiblesses. Je m’explique : si tu sais déjà que jamais, genre jamais de ta vie, tu vas vouloir continuer ta carrière dans le monde académique, et que tu réalises en faisant ta petite cartographie de réseau que la majeure partie de tes contacts professionnels se résume à tes collègues de bureau, dont 2 sont des postdocs qui repartent dans 1 mois de l’autre côté de la planète, il est sans doute temps de réfléchir un peu à étoffer le brol.

Se créer et puis mobiliser un réseau, cela ne permet pas seulement (même si on va pas se mentir c’est assez essentiel) de trouver un emploi à la fin du parcours doctoral (qu’il aboutisse ou non sur une soutenance), cela permet aussi de gagner un temps précieux et de valider des étapes importantes tout au long de ce parcours. Avoir des contacts permet notamment d’être mieux informé·es des éventuels colloques, journées d’études, et cela aide quand il faut récolter des lettres de recommandation. Je pense aussi par exemple aux publications : connaître quelqu’un appartenant au comité de rédaction d’une revue te permettra, non pas d’être publié·e plus facilement parce là on est dans le pistonnage-copinage et que ça c’est moche, mais te permettra d’insister avec moins de scrupules si tu n’as pas encore reçu les consignes liées à la publication ou si tu n’as pas encore eu de nouvelles des reviewers. Contacts aisés, travail facilité, stress effacé (je devrais imprimer ça sur un tote-bag ça ferait un TABAC) (Fumer tue).

Autre exemple, la constitution du jury, et là je vais pouvoir faire le lien avec ma propre expérience. Je sais pas si t’as (eu) ça aussi, mais moi j’ai clairement eu des « crush » sur des chercheurs et chercheuses pendant ma thèse. Des gens dont j’admirais le travail, la disponibilité, la sympathie, l’ouverture d’esprit etc. On va pas se mentir, c’était essentiellement des femmes. J’ai unilatéralement décrété que certaines d’entre elles deviendraient des sortes de personnes-ressources pour moi. J’éprouvais vraiment le besoin de parler avec elles, d’échanger, de maintenir le contact, d’avoir leur avis sur ma recherche mais aussi mon parcours doctoral. Au moment où il a fallu peupler mon jury de thèse (composé par défaut exclusivement d’hommes), j’ai immédiatement pensé à deux d’entre elles, qui ont accepté. Au cours de mon doctorat, je ne savais pas que j’aurais mon mot à dire pour la constitution de mon jury (aussi parce que pendant une loooongue période, j’ai sincèrement cru que je ne soutiendrais jamais ma thèse), donc rien n’a été calculé, mais très clairement, les contacts que j’ai eus avec ces chercheuses ont joué un rôle important durant ma thèse et les avoir à mes côtés durant ma soutenance, écouter leurs commentaires, leurs remarques pertinentes pour pouvoir ensuite partager un verre de l’amitié avec elles, a sans doute été l’un des meilleurs souvenirs de ma fin de thèse. Tout ce lyrisme pour dire que savoir bien s’entourer durant son doctorat est essentiel pour le challenge scientifique, bien entendu, mais aussi pour le bien-être général.

Le comment du comment du pourquoi

C’est bien de dire qu’un réseau est utile, mais encore faut-il se le créer et le maintenir. Et donc, comment qu’on fait pour développer son réseau et sa liste de contacts ? Je pense avant tout que, si tu tombes sur un·e promoteur·e sympa ou même simplement humainement fonctionnel·le, il y a fort à parier que tu peux considérer que son réseau sera ton propre réseau (et si tu as lu cette phrase sur un air de #cetombeauseravotretombeau, c’est 10 points pour Gryffondor).

Parmi les petits truczéastuces qui ont été mentionnés lors de cet atelier, on retiendra que, si c’est possible, il est toujours intéressant d’anticiper : avant de vous rendre à un colloque par exemple, consultez la liste des intervenant·es et – si elle est disponible et RGPD-friendly – la liste de l’ensemble des participant·es. Ça vous permettra de lire en vitesse la dernière publication d’une personne que vous souhaitez absolument aborder comme ça vous pourrez engager la conversation en mode « j’adore c’que vous faites ». Il y a bien entendu un aspect relationnel et social dans la prise de contact, et tout le monde n’est pas spécialement à l’aise pour aller vers les gens, que ce soit ou non dans une optique professionnelle. Anticiper et réfléchir à un moyen d’engager la conversation est certainement un point d’attention essentiel.

Réaliser sa thèse en copromotion ou en cotutelle est aussi un excellent moyen de développer son réseau étant donné que l’objectif est précisément de collaborer avec un autre centre de recherche ou laboratoire. Cela bénéficie indéniablement à la dimension scientifique du travail de thèse mais cela permet aussi d’ouvrir son réseau (éventuellement à l’international) et d’être potentiellement mieux informé·e de possibilités de collaboration ou de financement par exemple. Ouvrir son réseau, cela passe également par sortir du cadre strictement académique : collaborer avec « le terrain » (et ce quel que soit votre domaine d’études) est également essentiel. Associations, entreprises, secteur public, industries, bibliothèques, administrations : toutes peuvent se révéler utiles et accueillir des chercheurs et chercheuses, avant, pendant et après le doctorat. Cela permet de rester connecté·e aux possibilités offertes par ce qu’on a souvent tendance à qualifier de « monde hors-académique ».

Dans tous les cas, et quelque soit la façon dont vous rencontrez certaines personnes, la clé se situe dans le maintien du contact : envoyer un petit mail quelques jours après avoir rencontré quelqu’un, pour le ou la remercier, pour lui faire une (honnête) proposition, pour lui demander une copie de cet article dont vous avez discuté lors de la pause café du colloque, lui envoyer le photo de votre chien, etc.

Réseautage 2.0

Durant l’atelier susmentionné, une réflexion a également été menée sur le « réseau virtuel » puisque je leur avais demandé de réfléchir aux réseaux en ligne qu’ils mobilisaient dans le cadre de leur doctorat, que ce soit dans l’optique d’un partage d’information ou pour créer et/ou maintenir des contacts. Une large partie de la discussion a été menée autour des réseaux académiques, type Academia, ou professionnels, type LinkedIn. On a pas mal discuté des dérives d’Academia, et les problèmes liés à cette plateforme (pour plus d’info, voir ici), on a identifié les réseaux sociaux comme étant surtout intéressants pour le maintien du contact et pour obtenir des publications scientifiques.

J’avais été assez étonnée du fait que Twitter n’était pas du tout considéré comme un outil intéressant pour partager ou découvrir des informations, ou pour prendre contact avec certain·es chercheur·es. Il est vrai que le roiseau (comme je l’ai poétiquement surnommé dans l’article que j’ai précisément consacré à ces questions) n’est pas très utilisé en Belgique francophone, mais je me souviens avoir vraiment été surprise du fait que seul·es 2-3 (et encore, j’exagère !) doctorant·es utilisaient Twitter dans une perspective professionnelle. Or, même si on connait bien les dérives toxiques de Twitter, ce réseau condense toutes les possibilités et avantages des réseaux sociaux dans une perspective professionnelle : prise de contact, maintien du contact, échanges facilités, échanges d’informations, veille de l’actualité scientifique d’un·e chercheur·euse, d’un centre de recherche, d’une université, suivi par thématique (via les listes), publicité de sa propre recherche, etc.

 

En bref, réseauter rime souvent avec collaborer, et on voit bien qu’il y a de multiples façons de développer, de construire et de maintenir un réseau, qu’il soit virtuel ou non et qu’il soit purement académique ou non. Sinon, j’ai toujours un peu la flemme de conclure de façon grandiose mes billets, et là je dois dire que j’ai beaucoup de chance parce que des gens plus sérieux que moi ont écrit un chouette article sur cette exacte même question, le très exact même jour où je publie le présent article : « Développer et maintenir un réseau professionnel pendant et après le doctorat ». Hashtag Les Grands Esprits. Et je trouve qu’il est très très bien cet article alors je décide unanimement et efficacement que ça servira amplement en guise de conclusion (merci la CUSO).

Je n’anime pas encore les mariages, baptêmes et bar-miztvah, mais si un atelier doctoral de ce type – sur le réseau ou sur une autre thématique – vous intéresse, n’hésitez pas à me contacter ! (Écoles doctorales, centres de recherches, instituts, etc.)

De l’importance du réseau pendant (et après) la thèse
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Un avis sur « De l’importance du réseau pendant (et après) la thèse »

  • 12 février 2021 à 9 h 49 min
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    Encore plus dur de savoir comment aborder des chercheurs que l’on ne connaît pas par e-mail en temps de confinement !

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