Le quotidien : 5 manies de doctorant·es

Voici venu, non seulement le temps des cathédrales, mais aussi le temps de terminer doucement ce cycle de billets consacré au voyage dans le Royaume magique de la thèse. En attendant la semaine prochaine où What-Sup abordera l’après-thèse en étant habilement cynique et réaliste (« cynaliste » en somme), cette semaine, il est question du quotidien des doctorant·es. En vocabulaire subtilement métaphorique du voyage dans le Royaume de la Thèse, ça veut dire que tu es en train de naviguer sur le fleuve pas si tranquille de la vie doctorale. Alors, c’est quoi au juste, concrètement, faire une thèse ? Ca ressemble à quoi une journée de doctorant·e ? Alors ouiiiii, c’est différent pour tout le monde, et une journée n’est pas l’autre, une thèse n’est pas l’autre et une discipline n’est pas l’autre. C’est pas faux. Mais on a tous et toutes des petites manies, non ? On en explore 5 cette semaine :

 

Travailler en pyjama

Bon évidemment, y a toujours bien quelqu’un pour dire « ah non mais moi si je suis pas lavé·e, habillé·e, maquillé·e, préparé·e, avec appart’ rangé de fond-en-comble, je sais pas travailler ». Sache que je ne fais pas partie de ces gens-là. Et à mon avis toi non plus. Le petit bonheur de la vie, quand t’es en thèse, c’est de pouvoir traînasser en pyjama toute la sainte journée, te laver et t’habiller à 11h40, juste à temps pour aller chercher à manger, puis revenir et te changer immédiatement pour mettre ta fameuse tenue de combat : le pantalon de training, le pull à capuche taché de café dans tous ses recoins, et les grosses chaussettes anti-dérapantes à pompoms (ça c’est la version hiver de la tenue de combat, comme de bien entendu). Alors tout ça a l’air très con trivial dit comme ça, mais sache que la problématique du travail à domicile en pyjama existe vraiment : certains parlent même « d’entrepreunariat pyjama » pour désigner les indépendants qui travaillent de chez eux, avec le problème que ça peut poser et qui est celui de ne pas se voir comme un véritable travailleur. Qu’à cela n’tienne, moi je suis pour la Team-Flanelle.

Rappeler à tout le monde que, non, t’as pas de week-end, ni de jour férié, ni de vacances, ni de vie sociale OKAY

Et en cette période où Noël et les fêtes de famille à rallonge approchent dangereusement, il est bon de rappeler qu’être doctorant.e, c’est avoir quelque chose à faire H24, à peu de choses près. Un livre à lire, un texte à traduire, des mails auxquels répondre, des proches à saouler avec ton sujet de thèse, des livres à aller rendre à la bibliothèque, des amendes à y payer, des statuts plaintifs à poster sur Facebook, etc. Cela veut aussi dire que ton passe-temps préféré, c’est de dire « OH CA VA, t’as bien de la chance » à tes potes qui sont ravis d’être en week-end, et de dire « On la fait pas tard à Noël parce que je dois travailler » à ta famille. En effet, en thèse, l’avantage, c’est que tu n’as pas véritablement d’horaire de travail. L’inconvénient, c’est que tu n’as pas véritablement d’horaire de travail. Lundi matin, vendredi soir, dimanche midi, jour de Noël, Pâques, ou même ton anniversaire : tout moment est propice pour travailler. Et on passe notre temps à le dire et à ne pas tout à fait réaliser l’immense chance de pouvoir organiser son temps comme on veut, de ne pas devoir prendre congé pour aller chez le médecin, ou à la poste, et à pouvoir regarder 4 épisodes de « Dix Pour Cent » en plein milieu de la journée. Mais ça, c’est notre petit secret…

 

Être étudiant·e quand ça t’arrange

Dans tous les ateliers de valorisation du doctorat, ce qui revient toujours, c’est qu’il est vital de considérer le doctorat comme une expérience professionnelle et non comme une période d’étude. Il est même conseillé de plutôt le mettre dans la catégorie « expérience professionnelle » que « formation ». Et cela est également dû au fait que les doctorant.e.s se consacrant uniquement à leur recherche durant leur thèse sont assez rares : donner des cours, organiser des conférences, coordonner des publications, corriger des copies. Les doctorant·es travaillent, n’aiment pas trop qu’on les traite d’étudiants et ont horreur de la question « Comment se passent tes études ? » (qui est sur le même niveau que « Comment avance ton mémoire ? »). Les doctorant·es ont généralement un avis bien tranché là-dessus. Sauf quand il s’agit d’aller au cinéma. Là d’un coup d’un seul on devient étudiant.e.s sans le sou toujours prêt·es à dégainer notre carte pour pouvoir utiliser les 3€ durement gagnés sur le ticket d’entrée pour pouvoir aller le dépenser pour déguster un bon petit menu étudiant chez Quick.

 

Partir en vacances avec ton ordinateur et/ou un disque dur externe

Tu sais. AU CAS OÙ. La pensée nouméro ouno quand tu quittes ton nid douillet qui sent le café et la science à plein nez, c’est te dire que s’il arrive quelque chose, il est totalement impératif que tu aies une copie de ton fameux dossier « Thèse » sur un quelconque support (celui où, quand le temps viendra, tu auras ces fichiers : « Thèse_final », « Thèse_final_1 », « Thèse_final_relu_AD », « Thèse_final_2bis » et enfin « Thèse_FINAL_FINAL »). Bref ce dossier là, tu l’as sur clé USB, sur disque dur externe, sur ton cloud, le cloud de ta mère et même éventuellement en envois multiples sur ta propre boîte mail, en plus de ton drive et celui de ton voisin. Et tout ça c’est sans compter les copies papier de tes chapitres parce que bon, la technologie c’est quand même pas 100% fiable, tout en étant conscient·e que tout ça, c’est pas très #claimtheclimate. Mais c’est AU CAS OÙ, te dis-je. Moi j’avais aussi la sale manie d’emporter avec moi mon ordinateur et/ou mon disque dur externe à Noël et à Nouvel an, persuadée que c’était le moment précis où un être maléfique allait pénétrer chez moi et me voler mon ordinateur (que je cachais pourtant dans un double fond blindé de tiroir). Et au début, tu penses pas trop à tout ça, et c’est toujours en dernière minute que tu te dis « tiens, je ferais pas une petite copie vite fait ? AU CAS OÙ ». Sauf que comme tu as des copies numériques d’articles, de dictionnaires, et de livres téléchargés totalement légalement dans ton dossier « Thèse », ça dure quatre plombes, et tu finis par être à deux doigts de rater ton train pour partir en vacances (#truestory) pour cause de sauvegarde sauvage.

 

Se réveiller la nuit pour noter l’idée du siècle. Et la trouver nulle au réveil

Si l’appétit vient en mangeant, pourquoi est-ce que l’idée ne viendrait-elle pas en dormant ? C’est pas pour jeter la première pierre, mais je pense qu’il est arrivé à tout·e doctorant·e, au moins une fois, de penser avoir décroché l’idée qui va révolutionner sa discipline en s’endormant, ou même carrément en plein milieu de la nuit. Tu sais, ce moment où tu te réveilles en sursaut en pensant à la façon dont tu vas traduire ce mot latin qui te bloque depuis 6 jours, où tu te dis que tu articulerais bien différemment tes chapitres dans ton plan de thèse, ou encore que tu ferais mieux d’interpréter complètement à contre-pied cette théorie de ce grand penseur. Classique. Au réveil, l’histoire est généralement différente. Soit, ton idée est nulle et est clairement le fruit endormi de ton début de nuit (#poésie #rimesriches), soit, elle est pas mal ton idée, mais on est loin du gilet jaune de la pensée. Rien de révolutionnaire donc, mais allez, c’est cool d’y avoir pensé.

 

Ce billet fait partie d’une série consacrée au voyage dans le merveilleux pays de la thèse ! Voici les liens des autres billets de la série : 

Le Grand Voyage (IV) : la thèse au quotidien
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Un avis sur « Le Grand Voyage (IV) : la thèse au quotidien »

  • 10 décembre 2018 à 11 h 16 min
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    Pour aider les proches et autres à comprendre ce comportement d’hermite, ce qui est bon est d’en parler.
    La question à pauser régulièrement ( pas trop souvent et choisir son moment ) est ” Mais explique moi encore au juste ton sujet ?”

    Et là…. avoir le plaisir de sentir que celui-ci s’étoffe de plus en plus, et que l’hermite s’emballe et oublie sa fatigue. Ce qui s’expliquait en dix minutes il y a deux mois devient de plus en plus riche, clair et intéressant pour l’auditeur .
    Un moment bénéfique pour les deux partis je crois.

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