Tous les mercredis (sic), sur la page Facebook du blog [NDLR : suis-y-moi d’ailleurs ! c’est gratuit], je publie un thèse-moignage. « C’est-à-dire ? », te dis-tu. C’est bien simple : j’ai demandé à des doctorant·es et docteur·es issu·es de divers secteurs et d’universités différentes de me faire un retour sur le vécu doctoral et la place du doctorat dans le parcours professionnel. Le but est d’avoir un retour sur expérience du doctorat, d’apporter des points de vue différents et de rendre compte de ce que ça signifie pour chacun.e de faire une thèse, que ce soit positif ou négatif. Tous les mois, je publie donc un petit récap’ pour que ça puisse servir au plus grand nombre !

Avant tout,  sache que toi aussi tu peux thèse-moigner et atterrir sur le blog ! Pour cela, rendez-toi sur la page contact du blog et raconte moi ta vie, ton œuvre, ça peut être tout ce que tu veux : un bon souvenir de thèse, un mauvais souvenir, le colloque où tu as le mieux mangé, ton dernier fou rire avec ton directeur de thèse, ta dernière engueulade avec ta promotrice, la raison pour laquelle tu as fait une thèse/tu as arrêté ta thèse/tu n’as pas fait de thèse. Bref tout est négociable, y a pas de plan tarifaire.

Voici donc les thèse-moignages de janvier :

Le pragmatique

Thèse-moignage de Quentin (UCLouvain et Université Saint-Louis – Bruxelles), qui a soutenu sa thèse en Histoire médiévale en 2018, et qui est à présent BAEF postdoctoral fellow et visiting fellow à Harvard :

« Je résumerai mon vécu doctoral en deux mots : professionnalisation et engagement. Professionnalisation, car j’ai conçu dès le départ la thèse comme une première étape dans le monde de la recherche et de l’enseignement universitaire. Ceci implique de bien choisir son sujet de thèse, d’adopter une certaine stratégie de publication et de communication en colloques, de développer sa mobilité internationale. Bref une série de choix conscients qui visent à se construire un dossier dans un milieu très concurrentiel. Engagement, parce que, comme le disent les sociologues, l’université est une « institution gourmande » qui exige souvent de s’investir corps et âme dans son travail (et parfois bien au-delà du raisonnable). Mais je crois aussi beaucoup dans l’engagement par l’entraide entre collègues, le soutien aux jeunes chercheurs, etc. La concurrence n’empêche pas la solidarité. Dit autrement : il faut apprendre à la jouer collectif. Car la thèse, c’est aussi (et avant tout !) de belles rencontres »

Le reconnaissant

Avec un poil plus que 150 mots, le thèse-moignage suivant est celui de Benoît (ULiège), qui a soutenu sa thèse en sciences juridiques en 2017 et qui est à présent attaché au SPF Economie et chargé de cours à l’Université Saint-Louis – Bruxelles :

« Rédiger et défendre une thèse de doctorat est une expérience marquante et formatrice, dont l’ensemble des avantages n’est pas toujours perçu sur le moment même, mais également exigeante et difficile par moments. On a rarement l’opportunité de pouvoir travailler sur un sujet que l’on apprécie, voire qui nous passionne, durant une aussi longue période avec, certes, une échéance qui se rapproche, mais qui est fort éloignée en comparaison avec ce qui est le cas dans la plupart des contextes professionnels. En fonction de son ou de ses promoteurs, on a également la possibilité de travailler de manière très indépendante – c’est une chance que j’ai eue, merci à eux ! Travailler à longue échéance sur un projet est une chance, mais c’est aussi en quelque sorte une arme à double tranchant : c’est ce que j’ai trouvé difficile dans la thèse. A certains moments, on en arrive à ne plus vouloir entendre parler du sujet de la thèse. C’est, à ce que j’ai entendu, quelque chose de tout à fait normal et il n’y a pas lieu de s’en inquiéter outre-mesure. Il faut savoir, par moment, prendre du temps pour se reposer et se ressourcer.

Il faut aussi savoir persévérer et trouver de la motivation, ce qui n’est pas toujours évident. Une méthode qui m’a été conseillée et qui m’a en un certain sens motivé, mais surtout rassuré, est de commencer à rédiger le plus rapidement possible. Ainsi, on se voit avancer, même s’il est probable que les premières pages rédigées devront être substantiellement retravaillées.

Faire une thèse de doctorat, c’est avant tout continuer à se former et développer des outils utiles dans la vie professionnelle. Il est regrettable à cet égard que la plus-value des thèses de doctorat ne soit pas généralement reconnue dans les milieux professionnels ».

Le lyrique

Pour le troisième thèse-moignage de janvier, j’ai dû me rendre à une évidence : ce n’est pas la meilleure période pour demander à des gens, déjà très occupés, de me pondre un texte, si court soit-il, sur leur expérience doctorale. Mea culpa maxima. Alors, avant de renvoyer mes mails de rappel à tout le monde en février pour m’envoyer leurs petit texte (#beprepared), j’ai été piocher un thèse-moignage, que je trouvais particulièrement juste, chez un tout jeune docteur en Histoire médiévale qui a participé au podcast Passion Médiévistes :

« La Thèse, c’est une grande aventure ! […] elle apparaît comme une quête initiatique qui nous confronte aux terribles réalités de la recherche ainsi qu’aux bonheurs les plus simples qu’elle nous offre : découverte d’une source, consultation d’un magnifique manuscrit ou encore satisfaction du devoir accompli après une journée passée aux archives ou après avoir achevé un chapitre ! […] La thèse modifie notre relation à l’Histoire (pour ceux qui font de l’histoire évidemment) après 3, 4, 5… années passées à fouiller, décortiquer, comprendre, tordre, dépecer et expliquer un sujet de recherche ».

La collègue devenue amie

J’avoue que j’ai aussi forcé quelques copines doctorantes à me faire un petit thèse-moignage, et j’ai obtenu celui de la n°1 : Enika, 30 ans, doctorante en Histoire contemporaine à l’Université Saint-Louis – Bruxelles, encore plongée dans l’aventure de la thèse :

«  « Et en quoi ça consiste en fait de faire une thèse ? » À cette question, mille fois entendue par tous ceux et celles qui font une thèse, il n’est pas toujours facile de répondre (c’est pas pour rien si elle revient souvent sous forme de boutade par le chercheur lui-même lors de sa défense de thèse…). Dans mon cas, et celui de mes collègues-doctorants en histoire, rien de surprenant : oui, on cherche beaucoup et oui, on lit beaucoup. Parfois, nos journées de travail peuvent effectivement consister à compulser tout ce qui touche de près voire de très loin à notre sujet de recherche, puis d’autres fois, à ne pas voir la lumière du jour lorsqu’on s’est (délibérément) enfermés dans une salle d’archives ou de bibliothèque à la recherche de vieux (mais si précieux !) documents. Pourtant, selon moi, être en thèse ne se résume pas à devenir des as de la recherche et à améliorer ses techniques de Skimming and Scanning. Non ! les années de thèse, d’autant plus lorsqu’elles se passent dans un cadre de travail épanouissant, sont, pour le chercheur, une véritable occasion d’élargir ses compétences professionnelles pratico-pratiques, de tester sa réactivité et sa créativité, et de développer une bonne dose de flexibilité, lorsqu’il lui faut jongler avec sa vie personnelle, le travail solitaire de la thèse, la mise en œuvre d’autres projets scientifiques, qu’ils soient ou non collectifs et les éventuels cours à dispenser ».

Les thèse-moignages du mercredi (I)
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