Le Fonds de la Recherche Scientifique a fêté cette semaine ses 90 ans au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles

Le mercredi 5 décembre 2018, Bozar recevait en grandes pompes le Fonds National de la Recherche Scientifique (FRS-FNRS) pour célébrer son nonantième anniversaire. En effet, après une fête plus intimiste (et royale) il y a quelques semaines, le FNRS a décidé de rassembler en cette fin d’année l’ensemble de ses mandataires, des aspirant·es aux directeurs et directrices de recherche, en passant par les recteurs et le pouvoir politique en la personne, notamment, du Ministre de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche et des Médias, Jean-Claude Marcourt : toute la crème de la Recherche en FWB était présente. Du coup, forcément, What-Sup était là aussi ! Retour sur cette soirée.

 

Le FNRS a vu les choses en grand en invitant une grande partie de ses mandataires (et d’autres) à sa soirée anniversaire. Avec un public composé à 40% de doctorants, l’événement a attiré plus de 700 personnes dans la salle Henri Le Boeuf, à Bozar. Bel effort de communication de la part de ce fonds dont les sources de financement sont essentiellement publiques. A l’adresse de ses mandataires (ses « employé·es »), la soirée a abordé de nombreux points de manière dynamique et interactive : le fonctionnement et l’organisation du FNRS, les octrois de financements, l’importance de la recherche fondamentale, de la communication ainsi que le plan stratégique Phare 20.25, lancé il y a quelques jours.

Le FNRS, kézako ?

Tout est dans le nom : il s’agit d’un fonds visant à financer la recherche scientifique. Concrètement, cela signifie que l’objectif de l’institution est d’offrir une large gamme de financements dans le but de développer, promouvoir et valoriser la recherche scientifique en Fédération Wallonie-Bruxelles. C’est également un service d’assistance aux chercheurs : organisation des appels, aide au montage de certains projets, soutien administratif, suivi des dossiers et des demandes.

Certains services du FNRS sont également chargés d’opérer une veille des opportunités de financements dans le secteur général de la recherche scientifique, mais aussi par thématiques particulières, afin d’établir des priorités stratégiques. Le volet de la mobilité internationale est également intégré à la réflexion du FNRS à l’aide de collaborations et de financements dédiés. Par ailleurs, des études statistiques et d’impact sont également menées au sein de l’institution. Les mots-clés : l’indépendance de la recherche, soulignée par de nombreux chercheurs dans les témoignages-vidéo qui ont été diffusés dès le début de la soirée.

Durant celle-ci, l’accent a été largement mis sur la recherche fondamentale – le titre de la soirée était “Soirée fondamentale”, en plaidant pour un refinancement de celle-ci. Cela prend tout son sens dans une société où la division et l’opposition binaire entre recherche fondamentale et appliquée apparaissent comme un véritable non-sens. Enfin, il convient de souligner que le FNRS finance non seulement des projets individuels, mais également des projets d’équipe et attribue des crédits de recherche (matériel scientifique par exemple).

Le Télévie… Mais pas que !

Le Télévie est sans conteste une action phare et essentielle du FNRS. Depuis sa création, plus de 185 millions d’€ ont été récoltés pour la recherche contre le cancer. Deux chercheurs du programme Télévie étaient présents lors de cette soirée d’anniversaire et ont témoigné de l’importance de ce soutien : dans un laboratoire par exemple, il peut y avoir jusque 3 chercheurs financés par le Télévie, ce qui permet de substantielles avancées scientifiques. Relayé par RTL-TVI, le Télévie est une véritable vitrine médiatique pour le FNRS, mais aussi plus largement pour la Recherche, et ce que celle-ci peut apporter à la société, en mettant le focus sur les changements qu’elle peut induire et soutenir. En effet, l’un des éléments qui a été mis en avant lors de la soirée du 5 décembre est la visibilité très réduite des chercheurs et de la recherche de manière générale en Fédération Wallonie-Bruxelles.

Je rajouterais que c’est surtout vrai pour les Sciences Humaines et Sociales (SHS). Malheureusement, le FNRS nous en a donné un bon exemple malgré lui : sur les 10 intervenants lors de la soirée (panels et interviews), 1 seule personne provenait du secteur des SHS. Si la visibilité des chercheurs de tous secteurs est à améliorer, le président du Conseil d’Administration du FNRS et recteur de l’ULB, Yvon Englert, a précisé que l’accueil des chercheurs dans les médias belges était généralement de qualité bien supérieure que dans d’autres pays. Il ne reste donc plus qu’à nous inviter !

Les grands absents de la soirée

Il n’était évidemment pas possible de traiter de tout lors de cette soirée anniversaire. Certains points restent donc en suspens, notamment en ce qui concerne la communication scientifique, pour laquelle les réseaux sociaux n’ont pas été évoqués. Or, des réseaux tels que Twitter, LinkedIn, Youtube, voire les carnets de recherche en ligne, ou dans une moindre mesure Facebook, peuvent permettre une diffusion et une communication accrue entre chercheurs et vers un public plus large.

Les autres grandes absentes étaient sans conteste les femmes. Parsemées entre des costumes-cravates aux premiers rangs, elles ont été totalement sous-représentées lors des panels. C’est bien simple, sur les 10 intervenants, seule une femme a pris la parole, en dehors de Véronique Halloin, la Secrétaire générale du FNRS. C’est d’autant plus dommageable qu’un panel exclusivement masculin a suivi une présentation de cette dernière, visant à démontrer que les femmes n’étaient pas du tout défavorisées grâce à une attention particulière à la dimension du genre dans l’octroi des financements, tout en admettant une évaporation féminine au fil de la carrière scientifique. Hashtag Enchainement malheureux.

Enfin, et cela a déjà été évoqué, le secteur des Sciences Humaines et Sociales était totalement sous-représenté. Si les financements FRESH et FRART (respectivement dédiés aux SHS et à l’art) ont été présentés, on constate qu’une seule paneliste a représenté le secteur durant cette soirée. Alors bien sûr, un historien aura du mal à monter une spin-off, une philosophe a moins de poids qu’une spécialiste du climat dans les médias, mais à l’heure où l’accent est mis sur la recherche fondamentale, ne serait-il pas de bon ton de mettre en avant ce pan de la recherche encore trop peu visible ?

Phare 20.25 : le plan stratégique du FNRS

En fin de soirée, la Secrétaire Générale a présenté le plan stratégique du FNRS qui se décline en 6 points et dont le premier concerne le soutien de la recherche fondamentale dans tous les domaines en accroissant notamment le nombre de chargés de recherches (mandat post-doctoral), de PDR (projets de recherche) et en octroyant les CDR (crédits de recherche) pour une durée de 4 et non plus de 2 ans. Il est également question d’intensifier la recherche stratégique, dont l’objectif initial est d’alimenter les liens entre recherche et entreprises, essentiellement dans les domaines des sciences de la vie et du développement durable. Qualifié d’indispensable dans ce plan stratégique, l’international y tient une place de choix. A ce titre, une intensification du financement et des accords bilatéraux est prévue dans le cadre de Phare 20.25. Permettant davantage d’originalité dans les recherches, l’interdisciplinarité sera également développée grâce à de nouveaux instruments encourageant les projets collaboratifs entre disciplines. Dans la même logique de stimulation de l’originalité dans les projets, le FNRS compte bien encourager les projets audacieux et « risqués », soit ceux trouvant difficilement leur place dans les appels « classiques ». Enfin, rien de tout cela n’est véritablement envisageable sans le soutien aux infrastructures et aux équipements, et c’est dans cette optique qu’un fond, Big Science, sera créé.

Et surtout, on a tous et toutes reçu un pin’s du FNRS et on a super bien mangé. Il faut avouer que ça ne gâche rien.

Bon à savoir : je n’ai jamais été mandataire FNRS. Comme je l’expliquais ici, j’ai bénéficié d’un financement régional français pour commencer ma thèse, que j’ai terminée avec un mandat d’assistante à l’Université Saint-Louis – Bruxelles. Mais par amour du risque, j’ai épousé un chargé de recherches FNRS.

Joyeux anniversaire, FNRS !
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