Ze thèse-moignages ARE BACK, pour ton plus grand bonheur bien entendu. Comme tu le saches parfaitement, de temps en temps, le mercredi sur la page Facebook du blog [NDLR : suis-y-moi d’ailleurs ! c’est gratuit], je publie un thèse-moignage. « C’est-à-dire ? », te dis-tu, « Qu’est-ce donc cette diablerie ? », t’exclames-tu. C’est bien simple : j’ai demandé à des doctorant·es et docteur·es issu·es de divers secteurs et d’universités différentes de me faire un retour sur le vécu doctoral et la place du doctorat dans le parcours professionnel. Le but est d’avoir un retour sur expérience du doctorat, d’apporter des points de vue différents et de rendre compte de ce que ça signifie pour chacun·e de faire une thèse, que ce soit positif ou négatif. Voici donc le récap’ des derniers thèse-moignages !

« Toute sortie du parcours fléché est un drame »

This image has an empty alt attribute; its file name is matt-botsford-OKLqGsCT8qs-unsplash.jpgThèse-moignage d’Emmanuelle, 35 ans, docteure en Histoire médiévale (ULB – Université de Bologne, 2011), qui nous parle d’une réalité un peu taboue dans le monde du doctorat : le manque d’opportunités professionnelles à l’issue de la soutenance !

“Il est un défaut structurel au doctorat en Sciences Humaines qui est qu’il ne prévoit pas de porte de sortie. La seule voie est vers l’avant, dans le tunnel. D’abord vers le dépôt du doctorat, et puis surtout vers le poste définitif! Une fois une bourse obtenue, aucun scénario heureux n’envisage de changer de cap, ni pendant le doctorat ni après, et ce malgré le nombre tragiquement bas d’élus relativement aux appelés. Et que ne vienne pas l’idée au jeune qu’il n’a peut-être pas envie d’être prof d’unif finalement et qu’il ne voit vraiment pas dans quel scénario il aurait les atouts pour battre la concurrence passé un certain stade, car c’est là un bien coupable manque de foi! Toute sortie du parcours fléché est un drame, qu’il soit subi ou choisi. S’ensuit un déchirement dramaqueenesque avec la communauté qui l’abandonne ou qu’il trahit, ou les deux.

Même en cas d’échec manifeste des tentatives de poursuivre le parcours d’accrobranche, il demeure attendu que le jeune se batte encore avec une saine vigueur avant d’avoir le droit de lâcher. Parce qu’on a investi en lui et que c’est pas chic de baisser les bras maintenant. Tout ça manque d’une bonne poignée de main franche et chaleureuse d’encouragement sincère quand le jeune décide d’aller voir ailleurs si c’est pas plus marrant. Parce que c’est pas si grave et parce qu’il n’est pas sain de le contraindre à jouer le jeu jusqu’à en perdre le goût pour tenter de rentabiliser l’investissement académique, affectif et financier que la communauté a choisi de placer en lui. Mais aussi que parce que parfois c’est dans l’abandon plutôt que dans la persévérance que résident le courage et la sagesse »

« Chance »

This image has an empty alt attribute; its file name is matt-botsford-OKLqGsCT8qs-unsplash.jpgNicolas, docteur en Histoire (UNamur, 2014), a également thèse-moigné pour apporter son éclairage sur l’expérience doctorale et souligne quant à lui les bonnes conditions dans lesquelles il a eu l’occasion de réaliser son travail :

“J’ai soutenu ma thèse il y a cinq ans. Rétrospectivement, il me semble que les années de doctorat ont tout du rite d’initiation. Elles permettent de se découvrir soi-même, de mieux comprendre ses propres limites, voire de les repousser. Elles sont ponctuées d’épreuves parfois difficiles, rarement insurmontables. Et, lorsque l’initiation parvient à atteindre son terme, elles se terminent par une cérémonie de reconnaissance par les pairs.

Dans mon cas – celui d’un doctorant chanceux financé à 100 % pour de la recherche –, je diviserais cette initiation en deux parties. D’abord, une phase de découverte particulièrement agréable et insouciante. J’ai eu la chance de réaliser ma thèse dans un environnement de travail où beaucoup de mes « co-doctorants » étaient déjà des amis avant de devenir des collègues, ce qui a rendu assez naturelle la transition entre la vie étudiante et celle de jeune chercheur. Ensuite, une phase plus sérieuse – et plus difficile aussi – de formalisation des résultats. C’est sans doute un peu ridicule, mais, dans les moments de doute en phase de rédaction, me dire que j’avais l’obligation morale de terminer parce que j’avais été soutenu par des fonds publics m’a souvent aidé à me remettre au travail”

« Organisation »

This image has an empty alt attribute; its file name is matt-botsford-OKLqGsCT8qs-unsplash.jpgLauriane a également souhaité témoigner sur What-Sup, 30 ans, qui a soutenu sa thèse en 2017 en langues anciennes et orientales (UCLouvain – Université de Franche-Comté, Besançon) et qui est à présent en contrat d’ingénieur d’étude CNRS à l’EPHE à Paris.

Lauriane souhaitait revenir sur l’articulation job-thèse dont il avait été question dans un billet précédent, en soulignant que non, tous les doctorant.es n’ont pas des jobs aisément valorisables sur le CV !

“Je souhaite témoigner car je ne me suis pas reconnue dans l’article sur le doctorat sur fond propres car les jobs mentionnés étaient des jobs valorisables sur le CV par la suite […] c’est donc un job alimentaire mais pas seulement. J’étais magasinière chez Spar à Louvain-la-Neuve et ça, clairement, c’est difficilement valorisable. De plus, un aspect occulté du combo thèse-travail, c’est la fatigue, car le temps, on le trouve toujours. En effet, à la différence de ces jobs avec des horaires de bureau, tous les jobs que sont amenés à faire les doctorants sur fonds propres ne sont pas si cléments avec notre santé et notre sommeil. J’ai bossé tous les dimanches pendant 4 ans (j’ai eu la chance d’avoir un financement pour les 11 derniers mois de thèse) de 10h30 à 20h30 afin que mon job alimentaire empiète un minimum sur les activités de recherches (horaires de la bibli, colloque, formations doctorales). Les semaines sont longues quand elles commencent le dimanche à 10h30. L’organisation doit être rigoureuse : je travaillais avec un minuteur et avec trois plannings (court terme, moyen terme et long terme).

Je veux essayer diffuser un message d’espoir : ce n’est pas parce qu’on fait une thèse sur fond propres que ce n’est pas faisable et on peut même obtenir un post-doctorat inespéré par la suite car « un travail acharné vient à bout de tout ».

« Expériences »

This image has an empty alt attribute; its file name is matt-botsford-OKLqGsCT8qs-unsplash.jpgEnfin, What-Sup a donné la parole à Nissaf, doctorante en 1ère année de thèse en Histoire médiévale à l’Université Saint-Louis – Bruxelles pour un thèse-moignage de jeune padawan (et c’est pas moi qui le dis ! ) :

 

“« Tu vas déposer un Fresh cette année ? » ; « Je vais postuler au FSR une fois fini mon engagement sur le PDR » ; « N’oublie pas que tu dois de toute manière envoyer ton dossier à la CDD et puis t’inscrire à ton ED » ; « T’as répondu au CFP ? ».
Débarquer dans le milieu des thésards, c’est d’abord savoir manier un tas d’abréviations, parce que tout le monde parle comme ça, et il faut bien le dire, parce que ça fait stylé. D’ailleurs, ne dis pas « je fais un doctorat ». Non, tu es « en thèse ».

Alors oui, être en thèse, c’est lire, chercher, chercher encore, douter beaucoup et écrire ; mais c’est aussi vivre un tas d’expériences riches en émotion… 
Focus sur les colloques (non non, pas l’appartement partagé) : les colloques, journées d’étude et autres conférences, c’est l’occasion de faire du réseau, dit-on … En fait, durant ces journées, ton esprit risque plutôt de se perdre dans le calcul des crânes dégarnis ou poivre et sel qui constituent une bonne partie de l’assemblée. Et quand arrive le coffee break, c’est le moment idéal pour discuter avec le spécialiste de ton domaine d’étude …. Hum, pas si facile que ça … Alors tu adoptes le plan B pour pas déguster ton café seul : approcher l’un des rares autres jeunes padawans tout aussi perdu que toi. No stress pour le professeur, quelqu’un te dira toujours que tu peux le suivre sur Twitter … “

 

Eh mais toi aussi tu peux thèse-moigner et atterrir sur le blog ! Comme tu le vois, toutes les expériences et toutes les plumes sont différentes et uniques, et y a toujours de la place pour de la nouveauté par ici ! Pour cela, rendez-toi sur la page contact du blog et raconte moi ta vie, ton œuvre, ça peut être tout ce que tu veux : un bon souvenir de thèse, un mauvais souvenir, le colloque où tu as le mieux mangé, ton dernier fou rire avec ton directeur de thèse, ta dernière engueulade avec ta promotrice, la raison pour laquelle tu as fait une thèse/tu as arrêté ta thèse/tu n’as pas fait de thèse. Bref tout est négociable, y a pas de plan tarifaire.

Les thèse-moignages du mercredi (II)
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