PhD is the new sexy : 5 (bonnes) raisons de faire une thèse

Quand a germé l’idée de ce blog, j’avais l’idée de démarrer sur une petite question toute gentille, toute innocente, toute choupinette, bref, commencer en douceur. Et puis finalement non. Après tout, on n’est pas là pour se marrer (je mens), donc on va commencer par la question à laquelle tout·e doctorant·e (surtout l’espèce estampillée « sciences humaines et sociales ») est confronté·e : « Mais, pourquoi tu fais une thèse au juste ? »

Bonne question Ginette. J’entends déjà le petit malin au fond chahuter « et pourquoi pas ? ». Il s’agit pourtant bien là d’une vraie question, question d’ailleurs surtout connue sous sa forme moins sympathique et autrement plus sceptique : « ça va te servir à quoi en fait de faire une thèse ? ». Avoir un doctorat, ça ne sert en effet pas qu’à rajouter un petit « Dr » en signature de mail (même s’il faut bien reconnaître que ça envoie du pâté), ou à répondre par l’affirmative à la question « y a-t-il un docteur dans la salle ? » (ce qui, très franchement, ne fait rire que nous). Pour mener cette étude à haut potentiel scientifique, j’ai fait appel à un échantillon avant tout composé de moi-même et j’en ai conclu avec beaucoup de surprise (je mens) qu’il y avait tout un tas de bonnes raisons de faire une thèse. En voici donc une petite liste non-exhaustive à relire régulièrement en cas de ras-le-bol.

 

NUMERO UNO

Le doctorat est le diplôme le plus élevé qu’il soit possible d’obtenir à l’Université. ET BIM. Ca te suffit pas franchement ? Aller jusqu’au bout, plus haut, plus loin, mais toujours le poing levé (pardon). Ca claque le cloaque.

NUMERO ZWEI

Apprendre. C’est sans doute l’élément le plus vendeur, qu’on entend partout et tout le temps. Il faut dire que c’est vrai : le doctorat permet essentiellement de développer un tas de connaissances et de compétences. Élémentaire, mais à force d’avoir le nez dans le cambouis, c’est parfois quelque chose qu’on oublie. Bien sûr, on acquiert des connaissances pointues sur un sujet, une période, un auteur, une molécule, mais ce n’est pas tout, et heureusement, parce que ce n’est pas le plus utile. Faire une thèse, c’est avant tout gérer un projet : le concevoir, prévoir sa mise en œuvre, phaser les différentes étapes, évaluer la qualité, livrer puis valoriser des résultats. Cela demande quantité de compétences qui, Dieu merci (Mbokani) sont transférables, c’est-à-dire que ce sont des compétences tant utiles dans le secteur académique que dans les secteurs public et privé. Bref, le temps passé en thèse n’est jamais perdu, à partir du moment où on arrive à le vendre correctement à un employeur.

NUMERO THREE

On en apprend beaucoup sur soi. La thèse est un travail très solitaire, qu’on assume seul, quel que soit le degré de bienveillance de la personne qui supervise le travail. On apprend à se retrouver et à composer avec soi-même. On s’auto-saoule souvent, surtout en cas de procrastinite aigüe. On s’agace quand on binge-watche 34 épisodes de Grey’s Anatomy en une matinée, quand on regarde les photos de vacances de 2013 de la copine de la voisine du cousin de Jean-Jacques sur Instagram ou encore quand on décide, un mardi à 15h, de compter le nombre d’échantillons de crème de jour qu’on a (tu auras compris que tout cela est du vécu #truestory). Le problème du doctorat c’est que ce qui n’est pas fait aujourd’hui peut être fait demain. Alors on apprend. On apprend à se forcer, même quand on n’a pas envie, on s’organise (« je travaille 3 heures puis je regarde un épisode »), on se force encore (« un épisode j’ai dit »), on se discipline, on souffle, on se plaint beaucoup, et finalement, on le fait. Bref, on devient autonome et on grandit en se dépassant.

NUMERO QUATTRO

Ça impressionne. Et ce qui impressionne, c’est parfois le fait de consacrer un temps précieux à faire de la recherche plutôt que d’avoir un vrai travail (sic) mais c’est surtout quand on dévoile notre sujet, généralement d’un air détaché et en tentant de le simplifier au maximum pour pas avoir l’air de se la péter (« je m’intéresse à la législation sexuelle au début du Moyen Âge »). Au final, on finit toujours par dévoiler le titre exact de la thèse parce qu’on attend que ça pour allumer cette étincelle d’admiration dans les yeux de l’interlocuteur (« en fait j’étudie la construction de la législation altomédiévale relative aux transgressions sexuelles et matrimoniales dans les capitulaires carolingiens entre 740 et 840 »). Bon, je dois avouer que j’ai eu de la chance avec mon sujet et qu’il a eu le mérite de beaucoup intéresser, surtout quand les mots « inceste » et « fornication » étaient prononcés.

NUMERO FIVE

Ça permet de voyager, parfois même aux frais du contribuable pour pas cher. On ne va pas se mentir, le doctorant (et le chercheur de manière générale) choisit ses colloques en fonction de la destination (ne lève pas les yeux au ciel comme ça, tu sais bien que c’est vrai). Moi en tout cas, c’est ce que j’ai fait, mais c’était aussi pour compenser le fait que le tout premier colloque auquel j’ai assisté était à Tübingen (en février en plus). Je parle de colloques mais c’est aussi valable pour le choix du sujet en réalité. Mon depuis-peu-mari a par exemple eu la bonne idée de choisir de travailler sur la monarchie espagnole durant les Temps Modernes, un sujet qu’il sent bon la tortilla et les voyages à Madrid.

Fun fact :

En faisant des recherches sur les raisons de faire une thèse, je suis tombée sur une vidéo consacrée aux crises d’angoisse. 

Fun fact du fun fact (fu-fun fact):

(Oui, j’ai dû faire des recherches approfondies pour trouver des bonnes raisons de faire une thèse #cynismemaximal)

 

PhD is the new sexy
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2 avis sur « PhD is the new sexy »

  • 29 octobre 2018 à 14 h 16 min
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    Super, impatiente d’être à la semaine prochaine.
    C’est drôle mais aussi on sent le vécu et on attend de découvrir tes ” trucs et astuces” pour résister à un Xième aller retour vers le frigo.

    Bravo, continue comme ça

    Répondre
  • 29 octobre 2018 à 22 h 40 min
    Permalien

    Extra Sophie, très chouette à lire, effectivement ca sent le vécu! Dans le thème des colloques et autres voyages académiques, tu devrais lire David Lodge (si ce n’est déjà fait). Il a écrit une trilogie sur le sujet, hilarant et très bien écrit.

    Répondre

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