5 idées de carrières pour les docteur·es !
Vivre de science et d’eau fraîche, c’est bien joli, mais ça ne paye pas ton caviar ni ton bain d’ânesse quotidien. Après une thèse (et même parfois pendant !), il faut bien trouver un emploi. On entend un peu tout et son contraire à propos des carrières des docteur·es et leur insertion. Une chose est pourtant sûre : le taux d’insertion professionnelle est globalement bon. Ça ne veut pas dire que c’est facile, rapide et directement satisfaisant. Ça veut dire qu’il y a des opportunités et que les docteur·es finissent généralement par trouver chaussure à leur pied, et vice-versa. Que faire après la thèse ? Quelles sont les possibilités ? Que faire pour développer sa carrière ? Comment savoir où et comment chercher ? Où valoriser ses compétences de docteur·e ? Ross et Rachel étaient-ils vraiment « on a break » ? Éléments de réponse pour (presque) toutes ces questions par ici !
Je vous propose de revenir dans cet article sur 5 exemples de carrières pour les docteur·es. Dans et hors de l’université, il est tout à fait possible de trouver un environnement stimulant et stable (stabulant ?) pour se développer professionnellement. Pour chaque thématique, je vous propose un petit portrait d’une personne, titulaire d’un doctorat, active dans ce secteur, et 5 compétences-clé à avoir (ou à développer!) pour envisager chacune de ces voies professionnelles. Sympa comme tout, non ?
Accroche bien ta ceinture, c’est Darty mon kiki !
Les services administratifs et de support dans le secteur du supérieur
Comme précisé dans cet article des plus intéressants, les carrières dans les services administratifs universitaires sont attractives parce qu’elles permettent aux docteur·es de rester dans un milieu qu’ils et elles connaissent parfaitement. En connaissant les codes universitaires, les docteur·es n’ont généralement aucun mal à s’intégrer, comprennent les missions de l’université, les programmes, les possibilités de collaboration, etc. Faire une carrière à l’université sans être prof : c’est possible ! (et c’est même vachement courant).
La première étape consiste à veiller à bien connaître l’architecture de votre université (ou de toute autre institution supérieure) pour pouvoir identifier les services qui vous intéresseraient : service à la recherche ou à l’enseignement dans un institut ou une faculté, un centre de recherche, ou encore services généraux type administration de la recherche, bureaux de transfert des connaissances/technologies, bureaux internationaux, services de diffusion des sciences, ressources humaines, services d’appui aux pratiques pédagogiques, et j’en passe. Travailler dans un établissement d’enseignement supérieur (université ou haute école) ou dans les organismes actifs dans le secteur (ARES, AEQES, par exemple) peut permettre de mener des réflexions stratégiques tout en mettant en place des choses concrètes et en travaillant au service des chercheur·es, des étudiant·es ou des enseignant·es.
“Ce type de travail permet d’allier travail de terrain et réflexion stratégique”
Sophie, humble blogueuse & wonderwoman
PORTRAIT – Bon pour ce premier portrait, je n’ai pas dû aller chercher très loin, j’ai juste été regarder dans un miroir. KIKOU. Comme vous le savez puisque j’étale ici ma vie comme une mal-propre (non), je travaille depuis plusieurs mois à l’UCLouvain sur le projet PhDs@Work. Dans le cadre de ce projet, je suis à cheval entre l’Administration des Ressources humaines (pour l’aspect développement des compétences et de la carrière), l’Administration de la Recherche (pour l’aspect doctorat) mais aussi le Centre d’Information et d’Orientation (pour l’aspect insertion professionnelle) et aussi mon lit (pour l’aspect sommeil, c’est important le sommeil). « Mon envie de travailler dans un service d’appui à la recherche d’une université en Belgique francophone naît d’une véritable volonté d’allier travail de terrain et réflexion stratégique”, dis-je de façon faussement spontanée.
5 compétences-clé pour travailler dans ce secteur : #organisation #gestiondutemps #rigueur #communication #gestiondesconflits
La création d’entreprise
Créer son entreprise innovante, sa start-up disruptive, sa spin-off pionnière est tout à fait dans les cordes des titulaires d’un doctorat ! Se lancer comme indépendant·e, créer une entreprise totalement éloignée de son domaine d’études ou au contraire, commercialiser les résultats de sa recherche : il y a de nombreuses possibilités quand on souhaite se lancer à son compte. Et être docteur·e peut ajouter une claire plus-value.
En effet, entreprendre, c’est imaginer un projet (comme la thèse), le mener contre vents et marées (comme la thèse) et en vivre (un peu moins comme la thèse). Il y a de nombreuses similitudes entre le travail mené durant un doctorat et la création d’une entreprise : demandes de financements, networking, présentation des résultats, distance critique, liberté, autonomie, et j’en passe. S’il est évident que la création d’entreprise amène à mobiliser des compétences qui ne sont pas forcément apprises durant le doctorat, il est tout à fait possible de se former (master en gestion par exemple). Cela permet de mieux appréhender les ficelles de ce monde pas toujours bien vu par les universitaires (because le spectre du grand méchant Kapital).
“En tant qu’entrepreneur, mon doctorat apporte une certaine crédibilité”
Pierre-Nicolas Schwab, fondateur de IntoTheMinds
PORTRAIT – Pierre-Nicolas, ingénieur, titulaire d’un MBA et d’un doctorat en marketing (ULB) a fondé un cabinet d’études de marché (IntoTheMinds). Pour lui, l’étape “thèse” est une réelle plus-value dans son parcours parce qu’elle lui a permis d’intégrer une approche méthodologique et qualitative qui permet, selon lui, de faire la différence dans ce secteur concurrentiel. De plus, le doctorat amène une certaine forme de crédibilité auprès des clients ! Envie d’en savoir plus? Retrouvez ici l’interview qu’il a donnée pour Objectif Recherche
5 compétences-clé pour travailler dans ce secteur : #relations #collaborer #curiosité #communication #gestionfinancière
La recherche en dehors de l’université
Il n’y a en effet pas qu’à l’unif qu’on peut faire de la recherche ! Il existe de nombreux établissements scientifiques, centres de recherche ou encore entreprises privées où il est possible de mettre à profit les années que vous avez passé à vous consacrer corps, coeur et âme à la recherche scientifique. Et si on pense directement aux scientifiques qui grossissent les rangs de grosses entreprises pharmaceutiques, les possibilités de recherche en dehors du cadre universitaire sont en réalité ouvertes à l’ensemble des secteurs !
S’il s’agit parfois d’un choix qui naît d’une véritable volonté de quitter le monde universitaire et de se retirer d’un système ultra-compétitif et malsain à certains égards, les carrières scientifiques hors universités peuvent aussi apparaître comme un dernier recours en cas de rejets successifs dans les carrières académiques. C’est alors l’occasion de dénicher les opportunités qui permettent de poursuivre des travaux de recherche dans un environnement plus diversifié.
“La collaboration avec une entreprise a facilité ma recherche d’emploi”
Madeleine Wéry, cherche (et trouve) chez Centexbel
PORTRAIT – Madeleine est docteure en chimie catalytique depuis 2018 (UNamur). Elle a réalisé sa thèse en collaboration avec la compagnie Total. Cette collaboration a est un véritable atout dans la mesure où elle lui a permis d’avoir une bonne connaissance de la façon dont des recherches peuvent se dérouler dans le secteur privé et au sein d’un grand groupe. Au fil de son parcours et suite à des discussions avec des collègues, Madeleine envisage de sortir du monde académique. Aujourd’hui, elle travaille dans la recherche (en vrai on dit “”Arrèndi” – aka R&D) chez Centexbel dont le créneau est l’innovation dans la filière textile et plastilurgique.
5 compétences-clé pour travailler dans ce secteur : #analyse #autonomie #initiatives #compétencestechniques #gestiondeprojets
La carrière académique
Mais oui, Jean-Michel, il se fait que la carrière académique est également une possibilité après la thèse. Dingue, non? Il s’agit même de la voie que la plupart des doctorants souhaitent poursuivre au moment où ils et elles débutent leur thèse. La plupart déchante, décide de se tourner vers une autre voie mais certains persévèrent en espérant un jour attraper la floche du manège académique : une position permanente de recherche et/ou d’enseignement dans une université.
Il n’y a pas de recette magique pour espérer mettre la main sur cette floche, mais il y a quelques ingrédients secrets (non) : avoir un bon réseau, pouvoir démontrer une expérience de recherche significative à l’étranger, être doué·e (de préférence, mais on sait bien que ce n’est pas toujours le cas malheureusement) (oups), être au bon endroit au bon moment, et surtout être prêt·e à devoir faire plusieurs tours dans le manège avant d’attraper cette fameuse floche. Puis ne pas oublier de l’exhiber sous le nez de toutes les personnes qui faisaient le tour de manège avec toi. Ah !
“Je cherche la liberté de chercher, et chercher en toute liberté”
Nicolas Simon, MSC fellow & instagram husband
PORTRAIT – Oui je sais je tourne en rond dans les personnes que je cite sur ce blog mais bon je fais c’que j’veux. Cette délicieuse personne, dont j’ai déjà parlé ici, a donc choisi, après la thèse, de poursuivre ses recherches dans le contexte universitaire. Postdocs, heures de cours, publications, colloques : ce genre d’après-thèse ressemble à s’y méprendre à la thèse, mais en mieux (parce qu’il signe ses mails “Dr”). Ce qui motive le choix de Nicolas de poursuivre cette voie, c’est sans conteste l’amour de la recherche, les possibilités infinies de collaboration, la flexibilité et la complémentarité entre une recherche innovante et un enseignement 2.0. Dans cette citation qui est totalement de mon cru et intégralement inventée pour le bien de ce portrait, il souligne que “la recherche permet une certaine forme de liberté, et une liberté d’une certaine forme. Vive la libre recherche et vive la recherche libre !”. Et on croise tous et toutes les doigts pour que Nicolas puisse un jour attraper la floche du manège académique (toi aussi le Québécois, croise tes doigts) (merci).
5 compétences-clé pour travailler dans ce secteur : #rédaction #résilience #gestiondeprojets #organisation #espritcritique
Les carrières disruptives
Sinon, il y a évidemment toujours la possibilité de prendre un chemin complètement, radicalement, diamétralement, parallèlement et péremptoirement opposé à tout ce qu’on peut attendre des docteur·es : THE DISRUPTIVE CAREERS (à dire en criant en mode hard rock). Par exemple, moi j’avais eu l’idée d’aller élever des koalas au Québec, parce que ça faisait une jolie allitération et que les koalas c’est tout mims et que le Québec c’est trop joli. Mais j’ai changé d’avis (cf. supra).
Pourtant, la disruption est partout, et les titulaires de doctorat ne font bien entendu pas exception. L’envie de changer, de voir autre chose, de mettre les mains dans le cambouis ou la tête dans les étoiles : changer totalement d’orientation tout en profitant des compétences acquises durant la thèse n’est ni stupide, ni idiot, ni bête, ni quoi que ce soit dans ce genre-là. Que ce soit en changeant complètement d’orientation, en créant une société, en devenant musicien·e, en tenant un bar (pas le poisson) (quoi que) (c’est hautement disruptif) ou encore en devant blogueur·euse, les docteur·es, par leur capacité de résilience, sont d’excellent·es candidat·es pour le changement de vie !
“Je kiffe et je ne regrette pas d’avoir quitté le Moyen Âge”
Hélène Caillaud, docteure disruptive
PORTRAIT – Hélène est docteure en histoire médiévale. Elle a réalisé sa thèse à l’Université de Limoges (avec moi ! la chanceuse) et à l’Université de Tübingen (la chanceuse!) (haha) (pardon) et a travaillé sur la représentation violence dans les sources hagiographiques (les vies de saint·es) au début du Moyen Âge. Elle a été ingénieure de recherche et maintenant, disruptive qu’elle est, Hélène est chargée de recrutement dans une agence d’intérim ! Rien à voir donc. Mais elle kiffe et ne regrette pas d’avoir quitté le Moyen Âge pour ce nouveau défi professionnel !
La compétence-clé pour travailler dans ce secteur : #disruption
Bonus : pour la première fois dans l’Histoire (ouais Histoire avec un grand-ache et alors?) de What-Sup, il n’y a pas de GIF. Alors voici un GIF qu’il n’a rien à voir mais qu’il est de saison et il met de bonne humeur :
Intéressant comme souvent, mais le cas d’Hélène me laisse sur ma faim : chargée d’étude, ce n’est déjà pas évident à décrocher, mais “chargée de recrutement dans une agence d’intérim”, comment a-t-elle réussi le grand saut ? Parce que c’est souvent la question, au-delà du “yaka” (notamment venant de l’histoire médiévale, dont les débouchés dans le privé sont moins évidents que pour la chimie catalytique)
Bonjour François ! Merci de poser la question : Hélène a en effet fait une formation en alternance après la thèse pour pouvoir réaliser cette conversion professionnelle ! 🙂