Encadrer la recherche en Belgique francophone : tout un programme ! Pour y voir plus clair, What-Sup a décidé d’aller faire un tour chez les différents acteurs de l’encadrement de la recherche et du doctorat. Pour commencer, j’ai naturellement tapé à la grande porte boisée d’Objectif Recherche et y ai été chaleureusement accueillie par Marine Lhomel, responsable communication de l’association.

Objectif Recherche (Focus Research, dans la langue de Shawn Mendes) est une ASBL fondée il y a un peu plus de trente ans, qui oeuvre pour la promotion de la recherche scientifique et soutient l’accompagnement professionnel en dehors du milieu académique en Belgique. Elle regroupe des chercheurs et chercheuses issu.e.s de différentes disciplines et de différentes universités de notre si joli, si petit et si plat pays. Entre organisation d’événements, de formations, de sessions de coaching, de réflexion autour de questions de politique scientifique, et de projets en tous genre, les missions de l’association sont nombreuses.

Et justement, ces missions, quelles sont-elles ? Il faut avant tout commencer par mettre les points sur les barres sur les i et les points sur les T (quoi ?) en précisant la distinction entre Objectif Recherche et Doctorat.be, dont les rôles et missions étaient jusqu’à récemment peu distinguées. Doctorat.be était un projet de l’association Objectif Recherche jusqu’à très récemment. Une communication un peu confuse a rendu la distinction peu aisée entre les deux puisque cela réduisait d’une certaine façon l’association au rôle de porteuse de projets.

Aujourd’hui, les activités du projet Doctorat.be, à savoir essentiellement le coaching et les formations, sont reprises par l’ASBL. Objectif Recherche vise ainsi à simplifier sa communication et à (re)prendre une place de choix et un positionnement plus clair dans l’éco-système belge de la valorisation du doctorat.

Pour pouvoir mener à bien toutes ses missions, l’association bénéficie de financement publics régionaux (régions wallonne et bruxelloise) mais espère à terme se diriger davantage vers un financement mixte avec des revenus propres. Stay tuned…

Ce qui fait véritablement le succès de l’association, ce sont les services d’accompagnement personnalisé. En effet, sur les 4 personnes qui composent l’ASBL, 3 sont actives en tant que « coaches » et reçoivent donc régulièrement des doctorant.e.s ou jeunes docteur.e.s face à des problèmes ou difficultés dans le cadre de leur parcours doctoral et/ou concernant leur transition professionnelle. Si cela fonctionne si bien et que cette formule d’accompagnement est si prisée, selon Marine Lhomel, c’est qu’Objectif Recherche est en terrain neutre : pas de possibilité de conflits d’intérêt, de prises à parti ou de possibilités d’aller cafter la détresse, les doutes ou les problèmes rencontrés et évoqués par les coachees.

Néanmoins, dans la pratique (certifiée) du coaching, il existe un principe d’éthique et de neutralité qui oblige à adopter une posture particulière (on parle de « posture basse »), basée sur l’écoute neutre et active, une approche constructive et autonome, ainsi qu’une confiance absolue. Théoriquement donc, un.e coach, même s’il ou elle était rattaché à une structure universitaire, ne devrait pas être concerné.e par les risques de conflits d’intérêt. C’est essentiellement le manque de personnel dans les universités qui empêche le développement de tels services à destination des étudiant.e.s et doctorant.e.s. Toujours est-il que la formule connaît un fort succès chez Objectif Recherche et permet à l’association d’opérer un encadrement à tous les stades du travail doctoral, et au-delà.

Au-delà de cet accompagnement individuel, Objectif Recherche a également une activité importante d’accompagnement collectif dans le cadre de formations et d’événements dans et hors du monde académique. Parmi les formations : l’employabilité des docteur.e.s en SHS, la gestion de la thèse en mode projet, développer son projet professionnel, etc. Les formations démontrent le besoin de se constituer un réseau, mais aussi de décloisonner les disciplines de recherche en favorisant la rencontre. Cet accompagnement collectif se déroule majoritairement dans les universités et relève de conventions partenariales entre Objectif Recherche et les universités de la FWB, et sont véritablement développées en ligne avec la volonté d’accompagner en dehors du milieu du académique.

En ce moment, les initiatives autour du doctorat fleurissent en Fédération Wallonie-Bruxelles : journées de formations en interne, création de structures de soutien au doctorat en interne (PhD House à l’UMons récemment, par exemple), ou encore initiatives émanant directement des doctorant.e.s (Réseau des Doctorants de l’ULiège par exemple). Cela soulève la question de la place d’Objectif Recherche dans le paysage francophone : comment gérer toutes ces initiatives, sans se couper mutuellement l’herbe sous le pied ?

Marine Lhomel précise à ce sujet que l’association « va là où l’Université ne va pas », et propose à cet égard un accompagnement complémentaire. Elle estime que les universités ont encore besoin d’aide pour préparer les chercheurs qu’elles forment à leur transition professionnelle. Si la question du rôle de l’Université dans la transition professionnelle fait débat (voir à ce sujet la position de Karen Kelsky), elle n’en est pas moins un état des faits : l’Université n’est pas, aujourd’hui, responsable de ces aspects, et cela permet à Objectif Recherche de s’imposer comme un véritable pont entre la formation universitaire et l’applicabilité de celle-ci dans d’autres secteurs sur le marché du travail.

On voit donc que le positionnement de l’ASBL est clair : favoriser l’employabilité hors du secteur académique. C’est en effet sans appel : la grande majorités des détenteurs et détentrices d’un diplôme doctoral quittent le navire-mère pour s’orienter vers les métiers – plus ou moins nombreux en fonction de la discipline – en dehors du monde universitaire. En bref, le but de l’association est de faire matcher les jeunes (et moins jeunes) qui entrent dans un cursus de recherche et les aider à trouver un travail en établissant comment valoriser la thèse dans le monde professionnel.

C’est dans cette optique que l’association développe, en collaboration avec les universités de la Fédération Wallonie-Bruxelles, le projet PhD@Work.Be – financé par la région wallonne – dont l’objet est précisément la préparation de l’après-thèse en dehors du monde académique. De la même façon, bénéficiant également d’un financement wallon mais sans partenariat avec les universités, le projet Doc2Business soutient l’accompagnement des docteur.e.s et le développement de compétences transversales dans l’optique d’une (ré)insertion professionnelle, essentiellement dans les entreprises. Le projet vise aussi à expliquer à ces dernières ce que sont des chercheurs et chercheuses (et oui ! c’est parfois nécessaire) et leur plus-value envisageable dans leur structure.

L’association bénéficie également d’un financement bruxellois (via Innoviris) pour le projet pilote PhD-Y. Le but ? Informer les étudiants de master sur les métiers et carrières de la recherche en Belgique, en mettant un point d’honneur à valoriser la diversité des parcours et l’impact de ceux-ci sur la société. Il s’agira ainsi de travailler sur l’image des chercheurs et chercheuses en tentant de susciter des vocations tout en mettant l’accent sur la responsabilisation de celles et ceux qui choisissent cette voie. Le but ? (bis) Il s’agit aussi de limiter la casse en termes d’abandons de thèse (pour rappel, on en parlait il y a quelques semaines ici).

Enfin, via un groupe de travail composé de chercheurs et chercheuses tourné vers la politique scientifique, l’association entend également remplir un rôle que l’on peut assimiler à du lobbying en soumettant aux autorités des problèmes qui viennent du terrain. Ce faisant, l’association et ses membres tentent d’attirer l’attention sur certains écueils liés au travail de recherche et d’y trouver des réponses politiques. Il s’agit véritablement d’une initiative portée vers la défense des intérêts des chercheuses et chercheurs.

Pour pouvoir bénéficier de ces différents services, c’est simple : il suffit de devenir membre ! Il est possible de le faire gratuitement, et ce quel que soit le niveau de carrière et le secteur de prédilection. Et pour ce faire : rendez-vous sur le site www.objectif-recherche.be ! D’ailleurs profitez-en, parce qu’il y aura bientôt un nouveau site web, plus beau, plus grand et plus fort, agrémenté d’un blog (la famille du blogging académique s’agrandit ! yay !).

Ca bouge côté Recherche en FWB !

Encadrer la recherche en FWB (I) : Objectif Recherche
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