Faire de la recherche, on va pas s’mentir, c’est plutôt cool : vivre d’eau fraîche, de nourriture intellectuelle (et parfois de pâtes à la cassonade), franchement, y a pire comme situation. Le seul point négatif (en plus de l’incertitude quant à ton avenir professionnel, mais ça c’est une broutille, nesssspa), c’est que personne ne comprend vraiment ce que tu fais. On a souvent tendance à imaginer que tout le monde se fout royalement de nos recherches, alors que la vérité c’est que c’est faux. Il faut juste savoir expliquer calmement et clairement en quoi consistent nos recherches, et le tour est joué, emballez, c’est pesé. Cette semaine, What-Sup te propose donc 3 trucs et astuces de grand-mère pour valoriser les résultats de ta recherche et les rendre intelligibles au plus ou moins grand nombre. (A la base je voulais proposer 10 « trucséastuces » mais je cause, je cause, du coup y en a que 3 cette semaine, mais il y en aura 3 autres plus tard, et 3 encore plus tard !) (comment ça, ça fait pas 10 ?) (Oh et puis tu verras).

Publish or Perish : la publication scientifique

Incontournable, évidemment. J’en parle direk’, comme ça on en est débarrassé après. Il est évident que la publication des résultats de la recherche dans les revues scientifiques, de préférence à haut facteur d’impact, est incontournable dans le parcours doctoral, et dans la recherche de manière générale. Publier des articles et des bouquins à tour de bras : voilà qui t’apportera un max de visibilité. Pas aux yeux du grand public, non non, mais bien aux yeux de tes estimé.es collègues (sic).

Publier des articles scientifiques est tellement important que certaines thèses sont qualifiées de « thèses à articles », constituées en grande partie d’une sorte de dossier de publications. La thèse se « limite » alors à une série d’articles publiés, tout de même précédés d’une introduction, et d’un cadre théorique, et suivis d’une conclusion, d’annexes et d’une bibliographie. Par contre, ce n’est pas du tout, mais alors pas du tout, une habitude dans les disciplines que je connais, essentiellement donc les sciences humaines et sociales. C’est plutôt courant dans les domaines davantage techniques, scientifiques et dans le domaine de la santé (typiquement les thèses en médecine).

Par ailleurs, quand il est question d’envisager une carrière à bord du bateau Academia vers la terre “promise” (aka un poste au cadre d’enseignant-chercheur dans une université, par exemple quoi), il est de bon ton (lire : indispensable) de publier sa thèse. Toi qui croyais que les galères étaient terminées le jour de ta soutenance, dis toi bien qu’elles ne font en fait que commencer (sorry not sorry). Savoir où tu vas éditer ta prose, chercher des financements pour le faire, travailler jours et nuits pour rendre le travail publiable, faire des recherches supplémentaires, supprimer toutes tes petites blagues et jeux de mots, corriger les coquilles qui ont été citées une par une lors de ta soutenance : il y a fort à parier que se passent quelques mois, voire quelques années, avant que ton travail doctoral soit publié.

La publication scientifique, quelle que soit sa forme (articles, monographies, chapitres d’ouvrages), reste une production pour et par les chercheuses et chercheurs. C’est un peu l’entre-soi scientifique indispensable et inconfortable. Dans cet optique, comme le rappelait Quentin dans son thèse-moignage il y a quelques semaines, il est nécessaire d’opter pour une véritable stratégie de publication, qu’il faut adapter en fonction de ses propres aspirations professionnelles.

La radio

Heureusement, il y a des moyens un peu plus légers et moins contraignants (quoi que) pour diffuser les résultats de sa recherche, comme la radio. En Belgique, il existe quelques émissions qui donnent la parole aux chercheuses et chercheurs, et l’une d’entre elle est bien entendu Les Éclaireurs, émission bien nommée de La Première animée par Fabienne Vande Meerssche. L’objectif de l’émission est de mettre en lumière la richesse et la variété des recherches et de ses acteurs en Fédération Wallonie-Bruxelles. En donnant la parole aux hommes et femmes qui y expliquent leurs recherches, leurs découvertes, leurs motivations, l’animatrice permet aussi de créer des liens entre des domaines de recherches que, a priori, tout oppose. Il suffit de voir les titres des émissions : « le son des poissons, le droit international et le bronze égyptien » ou encore « orthodontie, lumière et papillomavirus » (#truestory). Et histoire de pérenniser tout ça, voire d’aller plus loin, les émissions sont complétées par des documents publiés sur le site (vidéos, études, etc.).

La radio est aussi le terrain de jeu de gens que je connais assez bien : les historien.nes ! Et ici aussi, La Première leur offre une plaine de jeu tout à fait idéale : l’émission Un jour dans Histoire de Laurent Dehossay. Chaque jour en effet, un ou plusieurs chercheurs et chercheuses sont invité.es pour parler de leurs recherches sur un thème le plus souvent choisi par eux ou elles-mêmes. Les objectifs sont multiples : faire écho à l’actualité de la recherche, à l’actualité tout court, promouvoir un livre, un expo, faire connaître un réseau scientifique ou tout simplement partager ses résultats de recherche. Un impératif : être clair et causer avec passion !

En dehors de ça, tout comme à la télévision d’ailleurs, il peut arriver que des expert.es soient invité.es pour apporter leur éclairage sur une situation, ou leurs connaissances sur un sujet d’actualité, ou encore pour apporter une caution scientifique à un marronnier. En général ce sont les services compétents dans les universités qui mettent en contact et communiquent des noms de spécialistes. Par exemple, le beau matin du 1er janvier 2012, alors je commençais à peine ma thèse, j’ai été contactée par un journaliste de la RTBF pour expliquer au journal télévisé pourquoi – historiquement – l’année commençait le 1er janvier. Mais oui, tu sais, les historien.nes, ça sait tout (non), donc je suis passée au 19h30 pour raconter des choses dont je n’ai aucun souvenir. Heureusement, mon nouvel an de la veille s’était résumé à une raclette, une camomille, un « bonanée » en pyjama et au lit (#PhDLife), j’étais donc relativement en état de tenter de raconter des choses intelligentes devant la Belgique entière (et non je n’ai pas le lien) (enfin peut-être) (mais pas là) (le gif suivant te donne un aperçu de l’interview).

Les blogs scientifiques

Aaah le blogging ! Je pourrais écrire tout un article là-dessus (Spoiler : je suis un peu en train de le faire pour célébrer les 6 mois de What-Sup #staytuned), mais d’autres l’ont déjà fait pour expliquer comment et pourquoi tenir un blog – ou, dans un vocabulaire plus généralement admis au sein de la communauté, un « carnet de recherche ».

Souvent conçus comme des soutiens au parcours doctoral, les carnets de recherche permettent de communiquer autour de sa recherche de façon plus décontractée, puisqu’ils permettent une plus grande liberté formelle qu’un article scientifique. Enfin, je dis ça, mais tous les blogs ne sont pas légers-légers à lire. L’objectif est quand même d’être un peu sérieux et d’éviter de raconter trop de bêtises. Contrairement aux publications scientifiques, tout le monde a accès à ce qu’on raconte sur les blogs (oups), et ça pourra à tout moment être retenu contre toi. Parmi les avis des sages (entendre : les docteur.es), il est souvent conseillé d’écrire, d’écrire, d’écrire, mais aussi un peu d’écrire quand tu as le temps. Le blog permet cela : ne pas perdre la main, s’exercer à formuler ses idées et à les coucher sur papier électronique.

Produire du contenu force quelque peu à devoir structurer ses idées, faire des liens entre celles-ci, mais aussi à enrichir son vocabulaire et (on va pas s’mentir) arrêter de zoner sur Netflix. Produire des phrases et des phrases (et des phrases) permet aussi de se prémunir contre le malaise de la page blanche, quand vient le moment de rédiger la thèse en tant que telle. Comme le dit ce jeune, brillant et prometteur chercheur (mon keum), « rédiger régulièrement des billets est donc devenu un moyen de conjurer la peur de la page blanche en même temps que cette rédaction constituait un exercice de structurations des idées qui pouvaient être les nôtres au sujet de nos thématiques de recherche » (texte entier par ici). Tout est dit. Ou presque.

Parce qu’ils ont véritablement gagné en visibilité et en crédit ces dernières années, les blogs sont même devenus des objets d’étude ! Dit de façon plus scientifique, certain.es chercheurs et chercheuses, à l’image d’Ingrid Mayeur (ULiège), questionnent «  la dimension argumentative d’écrits scientifiques natifs du Web » (voir ici par exemple). Une nouvelle page de l’écriture de la recherche serait-elle en train de … s’écrire ?

Alors qu’elle est assez répandue en France, la pratique du blogging scientifique reste marginale en Belgique. Il suffit de voir le nombre de blogs recensés sur Hypotheses.org, plus importante plate-forme de blogging à l’échelle mondiale, en France (2236) et en Belgique (32). Tous ces blogs ne sont bien entendus pas actifs, mais ça donne une idée de l’engouement modéré pour la pratique au pays de la frite. Parce qu’il n’y a pas qu’Hypotheses.org, j’ai mené ma petite enquête sur Twitter, et j’ai surtout moissonné des blogs en sciences humaines et sociales (Histoire, sciences po, droit). Une envie plus pressante d’écrire peut-être ?

Ohlalala quand je pense que j’ai envisagé ce billet comme un « Top 10 » des moyens de valoriser ses résultats de recherche, et que j’en ai à peine abordé 3. Quelle babelutte je fais, quand même. Entre publications, passages à la radio ou à la télévision, et la tenue d’un carnet de recherche, c’est vrai qu’il y a beaucoup à dire sur la communication de la recherche, mais on est (trèstrès) loin d’avoir tout abordé ! Du coup, on se retrouve prochainement sur What-Sup pour la suite des aventures, qui tournera allègrement autour des questions de vulgarisation ! #teasing #bethere #besquare

Trucs et astuces de grand-mère pour valoriser les résultats de recherche (I)
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