Comme on disait naguère sur MSN, « Re ! ». So 2005. Mais oui, What-Sup is back avec la suite du billet publié il y a quelques semaines et qui s’intéressait à divers moyens pour communiquer sa recherche. Du plus formel (publications scientifiques) au moins strict (radio et blogs), plusieurs éléments ont déjà été évoqués. Cette semaine, j’ai envie de revenir sur une notion archi-entendue et qui fait souvent l’objet d’houleux débats : la vulgarisation. Cette semaine, What-Sup continue donc sur sa lancée et propose de s’attarder sur les sites et les concours de vulgarisation scientifique.

Mais vulgariser, c’est quoi au juste ? Et pour quoi faire ? Comment que quoi ? Et comment que qui ? Vulgariser revient à rendre intelligibles des notions techniques et scientifiques pour un public qui n’est pas spécialiste. Et si tu penses qu’il n’y a pas de bonne ou de mauvaise vulgarisation, c’est faux de chez faux (de chez faux). N’est pas vulgarisateur qui veut. Pour bien vulgariser, il faut avant tout bien maitriser la matière. Un physicien peu connu disait qu’on ne peut expliquer quelque chose simplement que si on l’a bien compris. Les dangers de la (mauvaise) vulgarisation par n’importe qui et sur n’importe quoi font l’objet de publications régulières et d’indignation de scientifiques à l’œil vif qui détectent toute trace de bullshitude. Alors hauts les cœurs, What-Sup se met en mode Positive attitude et va surtout s’attarder sur les côtés sympas de la vulgarisation : la vulgarisation faite par les vrais spécialistes des sujets, des (parfois apprentis) chercheurs et chercheuses. Dit autrement, on va pas parler de Lorant Deutsch et d’Idriss Aberkane.

Les sites de vulgarisation

Dans le premier volet de cette série d’articles dédiée à la valorisation des résultats de recherche, j’ai longuement parlé des blogs et de l’intérêt de ceux-ci dans le cadre de la diffusion à grande échelle de ces dits résultats ou embryons de résultats. Les blogs, notamment grâce au succès d’Hypothèses.org, permettent d’ouvrir une nouvelle page de l’écriture de la science et de la recherche. Mais les blogs ne sont pas les seuls moyens de diffuser les résultats de cette dernière.

Il y a quelques jours, le site belge de vulgarisation scientifique Daily Science fêtait ses 5 ans. Daily Sciences, c’est un peu l’équivalent belge de The Conversation. L’ambition de Daily Science est de « montrer, de manière indépendante, la richesse des cerveaux à l’œuvre en Belgique et parfois ailleurs, et mettre en valeur leur travail ». En proposant un article par jour (!), Daily Science espère « pouvoir élever le niveau de culture scientifique des lecteurs, assouvir leur soif de découvertes, aiguiser leur curiosité pour les sciences et les technologies ». Daily Science est soutenu par le FNRS, par des instances publiques et privées, ce qui permet au site de proposer du contenu de qualité et en quantité !

Certaines universités, comme l’UCLouvain et sa plateforme Science Today, proposent aussi, en donnant la parole aux chercheuses et chercheurs, de mettre en avant les résultats des recherches menées au sein de leurs institutions : vidéos, articles, infographies, il y a de tout pour mieux comprendre à quoi sont payé·es les chercheuses et les chercheurs (loin de “rien foutre”). À l’ULB, il existe un concept un peu différent : mettre en avant 12 expert·es par an (ce qui fait … 1 expert·e par mois – Ah que oui !) pour proposer leur éclairage sur des situations ou des évènements qui font l’actualité (les questions migratoires, la dépénalisation de l’avortement, ou encore les innovations en matière de téléphonie)

Les concours de vulgarisation

La plupart des concours de vulgarisation partent de la même constatation : la recherche scientifique, fondamentale ou appliquée, est généralement inconnue au bataillon des acteurs de la société civile, comme on dit dans le milieu. En proposant des concours, parfois un peu décalés, le but est de décloisonner la recherche et de la rendre accessible au grand public. En sortant des enceintes, encore perçues comme austères, de l’Université, la recherche devient compréhensible et acquiert un certain intérêt, et un intérêt certain, aux yeux de toutes et tous.

Évidemment, ZE concours de vulgarisation scientifique, c’est MT180 (« Ma thèse en 180 secondes »), format inspiré du 3MT (« 3 minutes thesis ») australien qui a percolé jusque chez nous et qui devient aujourd’hui incontournable. Le but de MT180 est simple, et j’ai envie de dire que c’est comme le Port-Salut, c’est écrit dessus : le but est que les doctorant.es expliquent sur scène, en 3 minutes top chrono et à l’aide d’une seule illustration (type « poster ») en quoi consistent les recherches menées dans le cadre de leur thèse. Le concours se déroule dans chaque université, et chaque université envoie ses lauréat.es à la finale nationale, où les lauréat.es de cette même finale nationale sont alors envoyés à la finale internationale, qui eux-mêmes sont… non en fait ça s’arrête là, après tout le monde rentre chez soi, terminé bonsoir. Résumer sa thèse en 3 minutes n’est certainement pas un exercice facile : pour certain·es, il faut même déjà 3 minutes rien que pour dire le titre de la thèse (NDLR : j’ai fait cette blague pour pouvoir caser un lien vers l’article que j’ai écrit sur les titres de thèse puis je me suis rendu compte que quelqu’un avait fait la blague avant, mais promis je savais pas, je ne suis pas atteinte de Gad Elmalehite, promis, promis). L’avantage d’un tel concours est de pouvoir s’entrainer à la concision, à aller droit au but et à démontrer l’intérêt de sa recherche pour le grand public. Au-delà de cela, il s’avère que le concours permet également de mettre en avant la façon dont s’organise la recherche dans d’autres pays francophones, et donc de mieux en comprendre des spécificités.

Le concours est néanmoins loin de faire l’unanimité. Il y a quelques jours, une chronique de France Culture dénonçait ce qui apparaît comme une dérive du système de la start-up nation, où le pitch prend une place plus importance que la méthode et la démarche scientifique. Selon le chroniqueur, ce concours forme une fracture entre de monde de la recherche et la start-up nation en imposant une pensée repliée sur sa propre vanité, et non plus tournée autour d’un raisonnement construit.

Personne ne me demande mon avis mais le voici, le voilà quand même, en 2 mots. Je pense qu’il y a, comme toujours, à boire et à manger dans ce genre de concours. MT180 propose de montrer la richesse de la recherche, généralement financée par de l’argent public, et il n’y a rien de bien méchant à cela, c’est même quelque chose de très positif. Tout·e doctorant·e a un jour été confronté à devoir expliquer son sujet rapidement et de façon concise, et le concours ne fait que formaliser une pratique fréquente dans le milieu de la recherche. Toutefois, le concours met uniquement en avant le côté « vendeur » et « sexy » de la recherche alors qu’on gagnerait à rendre plus visible le travail effectué derrière la réalisation d’une thèse, ce qui est bien entendu impensable en 3 minutes. En outre, le concours n’est pas, à mes yeux, un concours véritablement prévu pour les domaines des sciences humaines et sociales. Le plus souvent, la technique la plus utilisée (et appréciée) vise à proposer une image, une métaphore de la recherche. Une recherche en génie informatique sera simplifiée en comparant un circuit informatique en réseau routier, ou une recherche en médecine sera vulgarisée en comparant une bactérie à un oignon. Peut-être me trompe-je, mais cette méthode me paraît moins facilement transposable en Histoire par exemple. D’ailleurs, depuis que le concours existe en francophonie (depuis 2014), absolument tous·tes les gagnant·es sont issu·es des sciences exactes (biologie, médecine, chimie ou encore climatologie). A méditer… Et vous, vous en pensez quoi ?

Mais ce concours n’est pas le seul : voici quelques exemples de concours un peu chelous / ludiques / originaux, voire les 3 en même temps :

  • Les Chercheurs font leur cinéma : à travers des films de 5 minutes, des doctorant·e.s présentent, via des films de 5 minutes, leur thématique de recherche de façon ludique et pédagogique. Mention spéciale pour « Au quatrième Top, il sera docteur », primé en 2007.
  • Dance your PhD : voilà bien un concours que j’aurais gagné haut la main avec mon sujet. Le concours, imaginé par le magazine Science consiste, oui oui, à danser sa thèse, tout simplement. Vu que j’ai un potentiel créatif aussi élevé que le QI d’une huitre, j’ai un peu l’impression de me retrouver devant Malaise TV quand je regarde certaines vidéos, mais ce mode d’expression a l’avantage d’être universellement compris.
  • Cuisine ta thèse : concours imaginé par PhDelirium qui consiste à représenter sa thèse par de la nourriture. Tout simplement. Sans prétention, ce concours a l’avantage d’être assez peu chronophage puisqu’il se passe en ligne sur base d’un envoi de photos. Fallait y penser !

Quoi qu’on en pense, l’ensemble de ces concours permettent de mettre en avant une recherche qui bouge et qui s’amuse : après tout, c’est aussi ça qui importe !

Dans le volet III de cette série de billets consacrés aux divers moyens de valoriser et de diffuser les résultats des travaux de recherche, je m’attarderai sur des moyens totalement bankable du moment : les podcast et les vidéos ! Stay tuned !

Trucs et astuces de grand-mère pour valoriser les résultats de recherche (II)
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